La langue française est un véritable festin d’expressions, et la cuisine en est la principale source d’inspiration !
Certaines sont aussi délicieuses qu’un plat qui se mange sans faim. Mais d’où viennent ces tournures savoureuses qui pimentent nos conversations ?
Entre histoire, anecdotes croustillantes et quiproquos gourmands, plongeons dans les origines de ces expressions qui aiguisent notre curiosité.
1. « Être soupe au lait »
Signification : Se mettre en colère pour un rien, s’emporter facilement. Origine : Au XVIIe siècle, la « soupe au lait » était un dessert très apprécié, composé de lait bouilli, de pain et d’épices. Son défaut ? Elle montait et débordait au moindre instant d’inattention. Une métaphore parfaite pour décrire un tempérament explosif qui « déborde » à la moindre contrariété ! Le saviez-vous ? L’expression est immortalisée dès 1660 dans les écrits de Molière.
2. « Couper la poire en deux »
Signification : Trouver un compromis, partager équitablement. Origine : Au Moyen Âge, la poire était un fruit rare et donc très convoité. Pour éviter les conflits lors de son partage, on la coupait littéralement en deux afin que chacun ait sa part. Une solution pleine de sagesse… pourvu que la poire ne soit pas véreuse ! Version étrange : En Allemagne, l’équivalent est « couper le bébé en deux » (en référence au jugement de Salomon), beaucoup moins appétissant !
3. « Avoir la frite »
Signification : Être en pleine forme, débordant d’énergie. Origine : Cette expression des années 1980 est une évolution de l’argotique « avoir la patate ». La frite, symbole de vitalité joyeuse et de convivialité, a su moderniser l’idée d’énergie. Preuve que même la street-food peut inspirer la langue ! Au Québec : On utilise « avoir le goût de la fritte », avec un sens très similaire.
4. « C’est la fin des haricots ! »
Signification : C’est la catastrophe, il n’y a plus rien, tout est perdu. Origine : Au XIXe siècle, les haricots constituaient un aliment de base, souvent la dernière ressource des plus démunis. Affirmer que « c’est la fin des haricots » revenait à dire que même le strict minimum vital venait à manquer. Une expression poignante née dans les milieux populaires, bien avant l’ère des crises économiques !
5. « Mettre de l’eau dans son vin »
Signification : Modérer ses exigences ou ses propos, calmer le jeu. Origine : Dans l’Antiquité romaine, il était courant de couper le vin avec de l’eau pour éviter une ivresse trop rapide (et les lendemains difficiles). Les Grecs désignaient d’ailleurs ce mélange comme « le breuvage des sages ». Aujourd’hui, l’expression nous invite à tempérer nos ardeurs, même sans alcool !
6. « Tomber dans les pommes »
Signification : S’évanouir. Origine : Deux théories rivalisent :
-
La version charnelle : Au XVIIIe siècle, « les pommes » pouvait désigner les seins (tout comme « poires » était utilisé). « Tomber dans les pommes » aurait alors évoqué une chute en avant, une perte de connaissance.
-
La version fruitée : Les pommes cuites, devenues très molles, s’effritent facilement… un peu comme une personne qui perd ses forces et s’écroule. Le débat est ouvert : Et vous, quelle théorie vous séduit le plus ?
7. « Ça ne mange pas de pain ! »
Signification : Cela ne coûte rien, c’est sans conséquence, ça ne présente aucun inconvénient. Origine : Au XIXe siècle, le pain était la base de l’alimentation, et son prix pouvait être déterminant pour la survie. Dire que quelque chose « ne mange pas de pain » soulignait son caractère anodin et économique. Aujourd’hui, on l’utilise pour encourager une action sans risque… à moins de parler de la baguette à la boulangerie !
8. « Avoir un coup de fourchette »
Signification : Avoir un bon appétit, être un gourmand. Origine : L’expression du XXe siècle fait référence à la vivacité avec laquelle on manie sa fourchette pour porter les aliments à la bouche. Une image bien plus élégante que « avoir un coup de faim », vous ne trouvez pas ? En Belgique : On utilise aussi « avoir un coup de dent », tout aussi expressif !
9. « Faire chou blanc »
Signification : Échouer, ne rien obtenir du tout. Origine : Au XVIe siècle, « faire chou blanc » était une expression des joueurs de dés qui n’avaient rien gagné (le « chou » étant une ancienne pièce sans valeur). L’expression a évolué pour désigner un échec cuisant… comme un chou mal préparé, sans saveur !
10. « Être à la noix »
Signification : Être fou, excentrique, ou de piètre qualité. Origine : Deux hypothèses intrigantes :
-
La noix comme symbole de l’esprit : Au XIXe siècle, « avoir une noix à la place du cerveau » décrivait une personne peu intelligente. L’expression a ensuite évolué pour signifier l’excentricité, puis le manque de valeur.
-
L’argot des typographes : Une « noix » était une faute d’impression (un caractère mal placé). Être « à la noix » aurait donc signifié « être à côté de la plaque ».
Pourquoi la cuisine inspire-t-elle tant notre langage ?
La nourriture est une expérience universelle, sensorielle et profondément émotionnelle. Elle rythme nos vies depuis toujours, et nos expressions en sont le reflet :
-
Métaphores corporelles : Comme « tomber dans les pommes » pour l’évanouissement.
-
Symboles sociaux : Tels que « mettre de l’eau dans son vin » pour la modération.
-
Humour et autodérision : « Avoir la frite » pour l’énergie débordante.