Symbole gourmand de Bordeaux et ambassadeur incontournable de la Nouvelle-Aquitaine, le cannelé est une petite merveille de contraste : une croûte foncée, épaisse et croustillante qui cache un cœur tendre, vanillé et parfumé au rhum.

Souvent imité, rarement égalé, ce petit gâteau cache de nombreux secrets. Si vous avez déjà tenté la recette sans succès (le cannelé était mou, ou pire, il est retombé !), ce guide est pour vous.

Découvrez les trois piliers de sa réussite, de l’histoire mystérieuse aux ustensiles essentiels.

 

1. La petite histoire : l’enfant du couvent et du commerce maritime

 

L’origine du cannelé (ou canelé, selon la graphie choisie par la confrérie de 1985) est enveloppée d’un délicieux mystère, mais tout pointe vers le Bordeaux du XVIIIe siècle.

 

Le cannelé, enfant des quais

 

La légende la plus populaire (et la plus romantique) raconte que le cannelé est né dans les cuisines du couvent de l’Annonciade, près du port de Bordeaux. À cette époque, le grand commerce maritime battait son plein.

  • Le recyclage des œufs : Les blancs d’œuf étaient massivement utilisés par les négociants pour clarifier le vin avant la mise en bouteille (une technique appelée collage). Les religieuses se retrouvaient donc avec des surplus de jaunes d’œuf qu’elles ne voulaient pas gaspiller.
  • Les saveurs du grand large : La farine et les arômes qui composent le cannelé (la vanille et le rhum) arrivaient des colonies et des Antilles sur les navires amarrés le long de la Garonne.

Les religieuses auraient alors créé un petit gâteau pour utiliser ces excédents, le canaulé, qu’elles distribuaient aux pauvres.

 

L’évolution du moule

 

La recette a traversé la Révolution française et a été reprise et perfectionnée au début du XXe siècle. C’est à ce moment-là que la pâtisserie a adopté sa forme actuelle, reconnaissable par ses cannelures et sa cuisson intense, la transformant en l’emblème gourmand que l’on connaît aujourd’hui.

 

2. Le secret de la texture : le repos, le rhum et le choc thermique

 

Un cannelé réussi repose sur un mariage de temps et de température.

 

Le pilier n°1 : Le repos de l’appareil (la pâte)

 

L’appareil à cannelé, très liquide (semblable à une pâte à crêpes), doit obligatoirement reposer pour permettre à la farine de s’hydrater complètement et aux arômes (rhum et vanille) de se diffuser.

  • Le temps idéal : 24 à 48 heures au réfrigérateur.

  • L’effet : Sans ce repos, le cannelé risque de gonfler excessivement lors de la cuisson, puis de retomber, laissant un intérieur cru ou gommeux.

 

Le pilier n°2 : La cuisson à double température (le choc thermique)

 

C’est l’étape la plus cruciale pour obtenir la coque dure et la mie fondante.

  1. Saisir à haute température : Enfournez à très haute température (environ 250 °C) pendant 10 à 15 minutes. Ce choc thermique immédiat permet de saisir et de caraméliser la surface du cannelé (le caramel Maillard).

  2. Cuisson lente à basse température : Baissez ensuite la température à environ 180 °C et prolongez la cuisson pendant 45 à 60 minutes. Cela permet au cœur de cuire lentement et de rester moelleux sans que la coque ne brûle.

 

3. L’outil indispensable : l’incontournable moule en cuivre

 

Si les moules en silicone sont pratiques, ils ne permettent pas d’atteindre la perfection du cannelé. Le moule est l’ingrédient principal de la coque caramélisée.

 

Pourquoi le cuivre est roi

 

Les professionnels n’utilisent que les moules en cuivre étamé pour deux raisons principales :

  • Conduction thermique : Le cuivre est un excellent conducteur de chaleur. Il transmet le choc thermique de manière uniforme et ultra-rapide à la pâte.

  • Caramélisation intense : Cette conductivité permet de créer cette fameuse croûte épaisse, brillante et craquante qui fait toute la différence. Le silicone, isolant, produit un cannelé pâle et mou.

 

Le secret de l’anti-adhérence : le graissage

 

Les moules en cuivre doivent être parfaitement graissés pour éviter que le cannelé n’adhère. L’idéal est un mélange de cire d’abeille et de beurre fondu (ou une bombe à graisse professionnelle).

Conseil pratique : Remplissez les moules aux trois quarts seulement. S’ils sont trop pleins, la pâte débordera lors de la phase de haute chaleur.

En respectant scrupuleusement ces trois règles (le long repos, le double choc thermique et le bon moule), vous passerez du cannelé raté au cannelé parfait, rendant hommage à ce petit bijou de la pâtisserie bordelaise.

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